La formule appréciée à la Baie de Beauport

David Rémillard, Le Soleil, publié le 11 juin 2016

(Québec) Les milliers de personnes rassemblées samedi soir à la Baie de Beauport pour le spectacle de Mumford and Sons ont pu expérimenter un tout nouveau site de concerts à Québec. La formule semble avoir été grandement appréciée, à commencer par la présence de nombreux camions-restaurants.

Comme l’avait annoncé l’organisation il y a quelques jours en conférence de presse, le site de la Baie de Beauport n’était accessible samedi qu’aux piétons, aux cyclistes et aux usagers d’un service de navette assuré par le Réseau de transport de la Capitale.

Le Soleil est arrivé sur le site vers 16h30, à vélo. Des centaines de personnes ont d’ailleurs choisi de pédaler pour se rendre au concert. Un immense stationnement pour bécanes a été aménagé par la Coop roue-libre aux abords de la piste cyclable, facilement visible au premier coup d’oeil.

Beaucoup ont plutôt opté pour le service de navette du RTC. Des spectateurs rencontrés sur le site avaient stationné leur véhicule aux Galeries de la Canardière pour y prendre l’autobus. «Il y avait une très grande file, mais ça n’a pas été très long. Ça nous a pris 7 minutes se rendre», a expliqué Dany Deschênes, résident de Beauport, qui a opté pour le transport en commun avec sa conjointe. Ses premières impressions sur le site de la Baie de Beauport étaient toutes positives. «Tout ici transpire la bonne organisation.»

L’arrivée s’est «déroulée comme un charme», s’est enthousiasmé Chantale Lachance, vice-présidente chez Gestev. Cette dernière a vanté les choix faits par l’organisation, en collaboration avec Live Nation. «On était juste conscient qu’il n’y a qu’une route pour venir ici. […] Il y a eu beaucoup de discussions avec la Ville, avec le RTC, des discussions avec nos amis de Live Nation qui ont vécu des expériences ailleurs. Je pense qu’on a pris les bonnes décisions.»

Trente-cinq autobus ont été nolisés pour l’arrivée et ont été mis en service continu intensif jusqu’à 21h, après quoi les retardataires pouvaient tout de même avoir accès à un transport. Le double de véhicules était réservé pour le retour. L’organisation se donnait jusqu’à 1h pour évacuer le site.

Les camions-restaurants ont eu la cote 

Outre le transport, ce sont très certainement les camions-restaurants qui ont retenu l’attention. Treize ont été sélectionnés et ils ont été pris d’assaut par les spectateurs. Cette offre alimentaire était une demande du groupe Mumford and Sons lui-même. «C’était vraiment important pour eux la variété de nourriture, il fallait qu’il y ait de la bouffe santé, végétarienne», a expliqué Mme Lachance.

Qui plus est, la cuisine de rue fait déjà partie de l’offre à la Baie de Beauport. «Ça fait partie des choses qu’on aime! Ça fait deux ans que nous avons un camion ici.» Seul bémol, certains spectateurs ont dû attendre jusqu’à trente minutes, voire plus, pour pouvoir commander. «C’est normal», selon Chantale Lachance. «Ils n’ont pas une grande surface de cuisine et dans certains cas, c’est de la cuisine un peu plus raffinée.»

Cinq autres kiosques ont été aménagés, dont le traditionnel hot-dog et barbe à papa, et ont complété l’offre lorsque les restaurateurs de rue ne fournissaient plus. «Sans dénigrer les restaurateurs plus traditionnels, ils font du volume. Ça fait partie de l’offre.» La vente d’alcool s’est terminée à 23h, mais les concessions alimentaires sont demeurées disponibles jusqu’à 23h45 afin de permettre aux spectateurs de partir progressivement.

Vers un mini-festival de trois jours?

Plus qu’une succession de groupes sur scène, c’est à un véritable mini-festival que Mumford and Sons a convié son public samedi. Cet événement, où le confort du public était aussi important que la musique proposée, pourrait mettre la table pour d’autres, plus ambitieux, s’étalant sur plus d’une journée.

«Avec les installations qu’on a ici, on serait capable de faire quelque chose sur trois jours, a indiqué Michel Granger, vice-président spectacles chez Québecor. Ce serait une offre de plus sur le marché.»

Autant que les têtes d’affiche, l’expérience du festivalier était hautement prise en compte. Avec l’éventail de camions-restaurants, la présence de tables de pique-nique à l’arrière pour ceux qui préféraient folâtrer plutôt qu’être au milieu de la foule, l’espace pour qu’on puisse circuler assez librement ou même s’asseoir par terre, la présence d’eau gratuite et une presque muraille de Chine de toilettes chimiques, on avait l’impression d’une version réduite des événements en vogue à l’étranger. En effet, puisque le concert n’était pas au coeur de la ville, mais en périphérie, c’est comme si un petit village éphémère avait poussé, rappelant ainsi ce que peuvent offrir des festivals excentrés comme Bonnaroo, aux États-Unis ou le Paléo, en Suisse.

À cela, il faut ajouter que l’imposante scène, flanquée de deux écrans géants, permettait de bien apprécier le spectacle et que la qualité de la sonorisation était au rendez-vous.

Le groupe aux aguets

Pour une grande part de tout cela, il faut saluer les gars de Mumford and Sons. Le groupe aime partir en tournée et, à force de sillonner les festivals autour du monde, il est au courant des éléments importants pour qu’un événement soit une réussite.

«Tout l’aménagement, l’expérience a été discuté avec eux dès le départ, a indiqué Michel Granger. Il fallait qu’il y ait suffisamment de place pour les bars, des foodtrucks… Même la régie a été décalée, pour que le public ait accès à la vue centrale.»

M. Granger attendait de voir comment l’évacuation des lieux se passerait, mais se disait très satisfait du déroulement. Il a précisé qu’il pourrait éventuellement être possible de reculer les clôtures, si nécessaire, pour accueillir davantage de monde et a salué la réponse du public : «on savait que les gens de Québec n’auraient pas peur de se déplacer [sans leur voiture]».Nicolas Houle

Un concert aux allures de laboratoire

Pour Patrice Drouin, la soirée Mumford and Sons de samedi, à la Baie de Beauport, avait des allures de laboratoire. Le président de Gestev, la société qui gère le site, était présent afin de voir comment tout se déroulait. «On a déjà annoncé qu’on veut que la Baie de Beauport soit événementielle, mais sous toutes les formes, a-t-il indiqué au Soleil. Ça peut être autant la voile, l’été, que le ski de fond, l’hiver. Il faut expérimenter ses accès. » M. Drouin n’a pas voulu s’avancer outre-mesure sur ce que pourrait être la suite, mais il a admis que l’événement musical de samedi était «peut-être en train de paver la voie pour les prochains [tous genres confondus]». Gestev compte faire un post-mortem lundi. Nicolas Houle

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