Ottawa s’engage à protéger le chevalier cuivré

Alexandre Shields, Le Devoir, publié le 3 février 2018

Le ministre de Pêches et Océans Canada, Dominic LeBlanc, s’engage à activer les mesures de protection de l’habitat essentiel du chevalier cuivré, ce qui signifie qu’il sera interdit d’en détruire ne serait-ce qu’une partie. Or, le projet d’expansion du Port de Montréal détruirait des portions de cet habitat critique pour la survie de l’espèce.

En vertu des dispositions de la Loi sur les espèces en péril, le gouvernement fédéral aurait dû prendre un arrêté ministériel dès la fin de 2012 pour protéger l’habitat essentiel du chevalier cuivré.

Ottawa, qui a plus de cinq ans de retard, promet maintenant d’agir. « Le ministère est en voie d’établir un arrêté visant l’habitat essentiel pour cette espèce », a indiqué Pêches et Océans Canada, en réponse aux questions du Devoir. « Un tel arrêté permettra d’activer l’interdiction […] de détruire toute partie de l’habitat essentiel du chevalier cuivré », a précisé le ministère.

Qui plus est, des mesures de protection des poissons sont déjà en vigueur, en vertu de la Loi sur les espèces en péril. « L’article 32 interdit de tuer un individu d’une espèce en voie de disparition ou de lui nuire », a ainsi souligné le ministère. Selon les dispositions de la Loi sur les pêches, il est en outre « interdit d’effectuer un travail ou d’entreprendre une activité, qui aurait pour résultat de nuire sérieusement au poisson, et aussi de modifier de façon permanente ou de détruire l’habitat du poisson ».

Pêches et Océans a aussi confirmé que le futur terminal de conteneurs de Contrecoeur serait bel et bien construit dans l’habitat critique du chevalier cuivré, une espèce classée « en voie de disparition ». « Le projet d’expansion du Port de Montréal se déroule au sein même de l’habitat essentiel du chevalier cuivré. »

Concrètement, les nouveaux quais de 675 mètres de longueur qui seront construits pour le terminal auront un impact sur des herbiers nécessaires à l’alimentation du chevalier cuivré.

Compensation

L’Administration portuaire de Montréal promet toutefois de « compenser » les herbiers perdus en raison de la construction du terminal, et notamment du dragage du Saint-Laurent. Selon Daniel Dagenais, vice-président aux opérations, il est prévu d’exploiter « un habitat plus riche » pour le chevalier cuivré situé à proximité des installations de Contrecoeur.

« La cohabitation entre les installations portuaires et le chevalier cuivré n’est pas incompatible », estime M. Dagenais. Il n’entrevoit d’ailleurs pas de risque de modifications du projet présenté, en raison de la présence des poissons.

La Société pour la nature et les parcs estime au contraire que le projet actuel serait néfaste pour la survie du chevalier cuivré, la seule espèce de poisson endémique du Québec. « Il est difficile de concevoir que le projet actuellement sur la table puisse aller de l’avant alors qu’il entraînera la destruction d’une partie de l’habitat essentiel qui par définition est l’habitat nécessaire à la survie et au rétablissement de l’espèce », selon son directeur général, Alain Branchaud.

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